Lee Paquette
du 2 mai 1987 au 23 mai 1987 Cheminée, oreille et crevasse
Depuis ma dernière exposition à la Galerie S. L. Simpson (<>- cf. C. Magazine, Printemps 1986), j’ai préparé trois grandes pièces sculpturales et ai rassemblé une série d’images photographiques de plusieurs sites industriels.
La 1ère sculpture est une cheminée d’usine construite en un genre de fil métallique tissé reproduisant le profil dynamique des cheminées et le mouvement de la fumée. Le choix d’un fil métallique de gros calibre pour la construction de la cheminée accentue l’aspect physique d’une telle structure et accorde une qualité expressive à l’œuvre.
L’agrandissement des parties d’une oreille forme l’élément suivant. Cette œuvre est partiellement suspendue et maintenue en équilibre autour d’une colonne centrale ressemblant à un pilône électrique. L’oreille externe est faite d’une combinaison de matériaux mettant l’accent sur la topographie de l’oreille et le mouvement vers l’intérieur, tandis que les oreilles moyenne et interne sont évidées pour permettre à l’air de se déplacer ou tout au moins donner une sensation de résonnance à la pièce.
La troisième partie de l’exposition est une crevasse de rochers, coulée dans du caoutchouc liquide et installée sur une construction en plywood. Le dessin et le modèle de la structure de support ont été réalisés selon un système habituellement utilisé dans la région pour la construction de ponts, tétreaux et pylônes électriques. Pour réaliser ce coulage, j’ai passé 5 jours à Cobalt en Ontario à prendre les empreintes d’un groupe de rochers particuliers. J’ai choisi cet endroit tant pour son passé minier que pour sa mise en évidence d’une interaction de l’industrie et de l’environnement. Ce lieu donnait sur un ancien lac qui fut transformé en désert par le déversement, en traineau, de résidus d’opérations de minage.
Durant la même période, j’ai aussi accumulé de la documentation sur divers sites industriels: carrières de pierres, lieux de coupe, broyeurs à métaux..., aussi bien qu’autour d’éléments et espaces naturels: terre, eau, ciel... La plus grande partie de cette période de travail a été passée à Inco, Sudbury. Â Jusqu’à maintenant mes travaux photographiques ont été obtenus par l’utilisation d’un rouleau entier de pellicule pour créer une seule image. Je réalise ces images composites soit en m’installant au centre du lieu et en faisant une photographie de 360Ëš ou soit en photographiant un lieu tout en conduisant. Photographier en conduisant permet certaines variations importantes puisque je ne regarde pas dans l’appareil et qu’ainsi je ne cadre pas. Je pointe l’appareil sans regarder. Ces images traitent donc plus de la vision périphérique alors que les premières montrent directement le lieu.
La cohésion de ces différentes pièces provient de ce que tous ses éléments traitent de différentes sensibilités en rapport avec l’industrie et l’environnement. Néanmoins ce travail ne cherche pas à pointer du doigt; mais bien plutôt à présenter divers indices qui mettent en évidence notre implication et notre complicité avec les systèmes de valeurs inhérentes à notre culture qui font de l’environnement une marchandise.
- (Extraits d’un texte de l’artiste traduit librement)
Bibliographie
Gravel, Claire, « Le monde miné de Lee Paquette », Le Devoir, samedi 16 mai 1987 C-11.
Boileau, Jean-Marc, « Arts et spectacles; Allons jouer dehors! », Liaison St-Louis, 13 mai 1987. p. 12.