logo Optica

+ Programmation + Archives Décades + Nouvelles + Publications + Soutenez Optica + Info

Décades

Expositions

Année
0 | 1972 | 1973 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 | 1979 | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | 1991 | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 |

Liste des artistes, auteurs et commissaires

| A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | R | S | T | U | V | W | Y | Z |

Fonds documentaire OPTICA (Service des archives de l'Université Concordia)

Ouvrages aidant à la consultation des archives

Droits électroniques




image
Racquel Rowe, Making Sweet Bread with Gran, 2020. Détail. Vidéo, 11 min. 32 s. Avec l'aimable permission de l'artiste. | Detail. Video, 11 min. 32 sec. Courtesy of the artist.

Racquel Rowe
du 22 avril 2023 au 17 juin 2023
The Chicken Is Just Dead First

Vernissage : 22 avril de 15h à 17h, en présence de l'artiste. Visite commentée de l'exposition par l'artiste, en anglais, le 22 avril, de 15h à 16h

C’est une question centenaire : qu’est-ce qui vient en premier, l’œuf ou la poule? L’on peut jouer l’avocat du diable et trouver les arguments pour justifier les deux cas, ou faire comme l’artiste interdisciplinaire Racquel Rowe et s’obliger à y passer un long moment, à enquêter et à contextualiser pourquoi cette question nous habite en premier lieu. Car pourquoi cette question nous intéresse-t-elle et nous intéressera-t-elle toujours? Originaire de la Barbade et vivant présentement à Waterloo en Ontario, Rowe travaille à partir d’une multitude de disciplines, particulièrement la vidéo, la performance, et l’installation. Fortement influencée par son éducation familiale et ses origines barbadiennes, les œuvres de l’exposition The Chicken Is Just Dead First portent sur les cultures matrilinéaires, ainsi que sur les différences et les similitudes entre les différentes expériences des noir.e.s issu.e.s de la diaspora.

Les performances de Racquel Rowe, lorsqu’elles sont réalisées au Canada, sont accomplies en solitaire et consistent à répéter un geste familier. Dans la galerie, on la voit laver du riz, un geste appris et hérité de sa mère. Rendant hommage aux matriarches dans sa famille, l’idée d’avoir une relation aussi intime avec le riz lui vient aussi de ses recherches sur son histoire dans les caraïbes. Diplômée en droit, en histoire et en anglais du Barbados Community College, ses lectures sur la nourriture, l’identité et leur contexte en sol caribéen sont des moteurs importants dans la constitution de sa pratique artistique, et l’enracinent dans son identité culturelle. Son intimité avec le riz va jusqu’à la voir nue, ensevelie, voulant vivre une expérience corporelle, similaire à la pratique de Carlos Martiel, une de ses influences, qui utilise son propre corps, souvent nu dans ses performances. En fait, elle voulait spécifiquement vivre un état où il n’y avait aucune barrière entre elle et la nourriture, sur une longue durée. À l’époque de la création de ses performances, sa nudité n’était pas un outil politique comme pour Martiel, qui soumet son corps à des supplices physiques pour explorer des enjeux de racisme, de colonialisme et de genre; Rowe souhaitait donner libre cours à son corps et à ses envies. Se dénuder est aussi sa propre rébellion, un clin d’œil aux influences des rébellions dans l’histoire caribéenne qu’elle a lue et apprise dans ses recherches; lorsqu’elle retourne à la Barbade durant la pandémie, elle ne peut plus, en effet, faire le même genre de performance, au contact d’une société patriarcale et religieuse.

Ce retour à la maison l’oblige à travailler différemment : elle commence à documenter et à constituer une archive familiale. Elle avoue avec candeur que son travail a quelque chose d’égoïste et qu’elle aurait créé et présenté ses archives même si elle n’avait aucun public. Apprendre de sa grand-mère était la motivation derrière ses plus récentes œuvres; son amour / obsession pour la nourriture a toujours eu une place prenante dans sa pratique, surtout depuis son arrivée au Canada, où elle ne pouvait pas toujours reproduire les goûts et les odeurs de la maison, à cause de la spécificité et de la provenance de certains ingrédients locaux. Rowe présente donc des vidéos de sa mère et de sa grand-mère, « performant » et transmettant des recettes de son enfance telle la tourte au macaroni ou le riz au poisson salé. Ces moments d’aller-retour, d’inscription et de traduction entre sa culture caribéenne et sa vie comme nouvelle arrivée au Canada sont similaires à l’expérience décrite par la protagoniste du livre Frying Plantain de Zalika Reid-Benton qui raconte la vie d’une canadienne de première génération d’origine jamaïquaine. The Chicken Is Just Dead First est un euphémisme qu’elle emprunte à cette série de nouvelles et qui synthétise ses quêtes et ses recherches. Avec aplomb, elle nous répond qu’en réalité, la poule, elle est juste morte avant.

auteure : eunice bélidor

Cette exposition a été présentée à l'origine à la galerie d'art de l'Université de Waterloo, Ontario (du 15 avril au 1er mai 2021).

Racquel Rowe souhaite remercier Ed Video Media Arts Center pour leur soutien à sa pratique, ses collaborateurs, à savoir sa mère et sa grand-mère, pour leur amour indéfectible, et le programme de mâtrise en arts visuels de l’université de Waterloo pour tous les encouragements prodigués tout au long de l’élaboration de ce corpus d‘œuvres.



COMMUNIQUÉ DE PRESSE (pdf)



Racquel Rowe est une artiste interdisciplinaire de l’île de la Barbade résidant présentement au Canada. Elle est titulaire d'une mâtrise en beaux-arts de l'Université de Waterloo et d'un baccalauréat en histoire et en art studio de l'Université de Guelph. Sa pratique est continuellement influencée par divers aspects de l’histoire, par les structures familiales matrilinéaires, par les communautés de la diaspora et par son éducation à la Barbade. Prenant la forme de performances, de vidéos, d’œuvres in situ et d’installations, son travail a été amplement diffusé en Ontario.

Explorant la notion de visibilité compulsive et de subversion des idéologies dominantes, Rowe englobe dans sa pratique les différences et les similitudes entre diverses expériences au sein de la diaspora noire. Son engagement dans des échanges critiques sur les notions de race, de migration et de colonialisme augmente sa capacité de comprendre les représentations coloniales et de s’en libérer. La pratique de Rowe est grandement influencée par ce qui l’entoure ; par exemple, la vie à la Barbade pendant de longues périodes lui permet d’expérimenter de nouveaux environnements, d’effectuer des recherches et de se produire dans des structures familiales et communautaires.

Des expositions individuelles lui ont été consacrées au Scarborough Museum, Toronto, Ontario (2022), à la Struts Gallery, Sackville, Nouveau-Brunswick (2022), et à la Galerie d’art de l’Université de Waterloo, Waterloo, Ontario (2021). Récemment, elle a participé à des expositions collectives, notamment aux Cambridge Art Galleries, Cambridge, Ontario (2021) ainsi qu’aux festivals InterAccess Vector, Toronto, Ontario (2021) et Lumen, Waterloo, Ontario (2020). Elle est lauréate du Sylvia Knight Award in Fine Arts en 2021, décerné par l’Université de Waterloo.

Née à Montréal, eunice bélidor est commissaire, autrice et chercheure. Elle est professeure adjointe affiliée au Département d’histoire de l’art de l’Université Concordia. Sa pratique actuelle porte sur le questionnement comme méthode, sur l’écriture épistolaire comme créatrice d’autothéorie et son intersection avec le soin, le féminisme et les enjeux raciaux. Elle a organisé plusieurs expositions au Canada et en Europe et ses écrits ont été publiés dans Esse, Canadian Art, Hyperallergic, le Journal of Curatorial Studies, Invitation, InCirculation et ESPACE. eunice bélidor est la récipiendaire du Prix Fondation Hnatyshyn – Groupe Banque TD du commissaire émergent en art canadien contemporain (2018). Elle a travaillé à articule, à la galerie FOFA de l’Université Concordia (Montréal) et au Musée des beaux-arts de Montréal.