Bernard Rousseau, Miguel Angel Berlanga
du 20 octobre 1990 au 18 novembre 1990 Inter'di
« Il me semble que notre espèce ait franchi un point mystérieux, d’où il soit impossible de régresser. » Cette pensée de Cannetti, reprise par Jean Beaudrillard dans « Les stratégies fatales », laisse entendre qu’il y aurait un point dans l’histoire où on aurait quitté la réalité. Depuis lors, rien ne serait vrai, mais nous ne pourrions pas nous en rendre compte.
Et si l’apocalypse, ce moment à la fois tant attendu et tant redouté, avait déjà eu lieu sans qu’on s’en aperçoive, comme une sorte d’excroissance qui aurait poussé tranquillement, une sorte de cancer des systèmes, incluant celui de la culture, où on s’obstine à tout répertorier, à tout référencer à l’infini. Ces mises en abîme finissent par créer un labyrinthe fantastique où toutes ces citations, toutes ces références vivent les unes au dépens des autres jusqu’à la démesure, l’encombrement et au détriment de leur finalité initiale.
Dans la série que je travaille en ce moment, j’avance l’hypothèse que ce point pourrait très bien coïncider avec la mort de l’art annoncée par les minimalistes. Chaque œuvre comporte un ou plus d’un élément à caractère minimaliste, qui vient ce greffer à une image figurative.
Par exemple; le torero mort est une œuvre inspirée du tableau de Monet qui porte le même titre où un personnage semble flotter dans un fond quasi uniforme. Le torero évoque, en quelque sorte, l’art minimaliste confronté au défi qu’il a choisi. L’un et l’autre deviennent la victime de leur propre jeu.
L’image s’étend sur quatre tableaux-dessins carrés du même format et placés côte à côte. Le quatrième est monochrome, par allusion au minimalisme. À gauche, en retrait, ce trouve un cinquième tableau complètement noir.
Dans Autopsie, le même personnage, au dernier acte, gît sur une froide plaque de pierre blanche. Au dessous de cette première image, un panneau tout blanc.
- Miguel Angel Berlanga, 1989
- Document interne (Optica)
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- Gravel, Claire, «L'apocalypse et après», Le Devoir, samedi 22 septembre 1990, p. C-12.
- Gravel, Claire, «Le carambolage généralisé de la sculpture», Le Devoir, jeudi 25 octobre 1990, p. B-3.