logo Optica

+ Programmation + Archives Décades + Nouvelles + Publications + Soutenez Optica + Info

Décades

Expositions

Année
0 | 1972 | 1973 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 | 1978 | 1979 | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | 1991 | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | 2024 | 2025 |

Liste des artistes, auteurs et commissaires

| A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | R | S | T | U | V | W | Y | Z |

Fonds documentaire OPTICA (Service des archives de l'Université Concordia)

Ouvrages aidant à la consultation des archives

Droits électroniques





Patrick Raynaud
du 31 octobre 1987 au 22 novembre 1987
Transports / Journal de voyage Paris-Montréal

Dans un lieu destiné à l’origine à la photographie et portant un nom qui le rappelle, il est apparu intéressant d’utiliser ce médium dans des conditions plastiques légèrement détournées: la pellicule des caissons lumineux publicitaires, intégrée dans un structure (la caisse) qui fait référence à la fois à un élément essentiel de la vie artistique (le transport) mais aussi plus spécifiquement à la sculpture (les 3 dimensions) et à la sculpture minimaliste surtout (les caisses de Donald Judd).

Par rapport à ces structures tridimensionnelles qui semblent avoir une autonomie par rapport au lieu (elles affichent de façon claire l’aspect transitoire de leur installation, voire leur destination prochaine), les images présentées, elles, ont un statut plus ambigu, certaines d’importation ont été prises ailleurs, d’autres au contraire semblent indissolublement liées à cette exposition (photos prises à Montréal même, dans la galerie même, de cette installation même) et ne pouvoir fonctionner qu’en fonction de la mise en situation proposée, bien que le fait déjà en caisse suggère un nouveau transport vers d’autres adaptations.

L’univers de l’artiste évoqué par l’imagerie est bien loin de celui que l’on évoquait dans les années 70 sous le nom, entre autres, de mythologies quotidiennes”. Il ne s’agit pas en effet de montrer le vécu d’un plasticien dans ses petits détails affectifs et émotionnels, mais au contraire d’appuyer sur l’aspect institutionnel de son travail qui ne peut se délaisser l’atelier pour chercher des contacts physiques ou médiatiques à travers le monde.

Si l’utilisation de la toile comme support a été amenée par la volonté de faire voyager la peinture, ce que la manière à fresque ne permettait évidemment pas, et a permis aux artistes de développer la notion d’atelier au sens géographique et esthétique du terme, on peut constater de nos jours que l’extension des pratiques in situ, des expositions internationales et des échanges du marché de l’art tendent à transformer les artistes en éternels voyageurs, comme les grands peintres-décorateurs des siècles passés, réalisant ici où là des pièces dont le statut n’est pas toujours le problème et l’on assiste à des conduites paradoxales d’artistes de l’in-situ tentant des “rétrospectives” ou de plasticiens plus autonomistes jouant de façon presque a contrario avec les lieux d’exposition.

Le concept de “l’in-situ déménageable” est utilisé afin de mettre en avant ces contradictions et de travailler à l’intérieur de celles-ci. Les pièces produites sont donc à la fois soumises aux exigences d’un lieu (l’emplacement des lustres à Aachen, le dessin des voûtes du plafond à Middleburg, etc...) et à la fois tellement indépendantes qu’elles affichent la manière dont elles vont se déplacer pour être présentées éventuellement ailleurs. La fabrication in situ comporte la caisse d’emballage qui fait partie intégrante de la pièce, voire la constitue entièrement, comme c’est le cas pour celle présentée au musée d’Anvers : quatorze caisses d’emballage gigognes qui s’empilent de manière à constituer une sorte de ziggourat et pouvant se ranger les unes dans les autres pour continuer le voyage.

Les artistes de l‘in situ sont devenus d’une certaine manière les grands décorateurs de notre temps. Je me situe à cette limite et j’en présente une sorte de procès amical. Bien que cette manière de travailler soit pour moi la plus gratifiante, je veux montrer du doigt ses paradoxes.
- Patrick Raynaud
- Communiqué de presse (Optica)

Patrick Raynaud est un artiste français qui, depuis 1976, a exposé ses travaux de façon intensive tant en France qu’à l’étranger, participant notamment à la sélection Aperto de la Biennale de Venise de 1986. Ses travaux débordent largement les préoccupations évoquées ci-haut. Teintées en effet d’une forte ironie, ses interventions in situ empruntent très souvent une imagerie minimale, similaire à des dessins d’enfant. Elles se présentent ainsi de plain-pied comme des fictions, souvent renforcées par des structurations relevant du littéraire, que ce soit le journal de voyage ou le roman. Le mouvement de temps apparât comme une des préoccupations majeures de Raynaud, évoqué par des figures de la dégradation et de la mort aussi différentes que la consumation par le feu, la statuaire religieuse ou une géométrie oblique, évoquant le déséquilibre ou l’enfoncement, jusqu’à cette focalisation récente sur la nature paradoxale de l’œuvre in situ.

Bibliographie
Asselin, Olivier, « Patrick Raynaud », Vanguard, Février-Mars 1988, p. 32
Beaudet, Pascale, « Transports », Spirale, Février 1988, p. 7.